Quinze minutes s'étaient écoulés entre le moment où Jeff avait pénétré dans la trop grande université et s'était assis sur le trop confortable siège. Quinze minutes qu'il attendait, le regard rivé au sol, sa chevelure lui tombant sur le visage. Quinze minutes et il s'emmerdait. Il avait beau tenter de passer le temps en se mordillant l'intérieur, rien à faire, il avait déjà hâte que cet entretien se termine et de ce retrouver chez lui avec sa guitare. Chaque instant qui passait, il commençait à douter de sa promesse qu'il avait fait à son père. Cet école ne lui allait absolument pas et il ne trouverait jamais sa place. Mais cela, il ne l'avouerait jamais. Pourquoi voulait-on le rencontrer de toute façon?

Un bruit sourd retentit, la porte du bureau ouvrait enfin. Le doyen, trop souriant et trop bien habillé, apparu devant lui,le forçant à lever le regard vers lui et à se redressé. Jeff releva le coin de ses lèvres pour ainsi créer ce qu'on appelait un sourire de politesse et le suivit jusqu'à l'intérieur de son bureau. Jeff jeta un regard furtif à la salle qu'il venait de quitter. Eh bien, il ne s'était pas aperçu de la présence d'inconnu.

DOYEN ▬ « Bonjour ! Vous devez être Monsieur Worthington, étudiant de première année en medecine. Je suis ravi de vous rencontrer. Vous devez vous demander pourquoi je vous ai convoqué. Simple réponse, je souhaite juste faire plus ample connaissance. Comment s’est passé votre rentrée ? »

Jeff portait une attention particulière au mouvement de sourcil du Doyen. Celui-ci avait tendance à les relever lorsqu'il parlait. Il pouvait facilement deviner que cet homme était fier de son institution. Il paraissait un homme à la fois d'un homme strict et relaxe. Jeff se demandait quel attitude cet homme voulait réellement projeter.

Il était difficile pour lui de se remémorer en détail la journée de son entré. C'était pour lui très flou. La seule chose qu'il pouvait se rappeler facilement c'était le sentiment de se retrouver dans un cauchemar sans pouvoir se réveiller. Alors d'en parler... Il fallait vraiment parler?

Jeffrey ▬ « Eh... en général... bien, monsieur. »

DOYEN ▬ « Oh, je vois. Je suis ravi que ça se soit... bien passé. Pouvez-vous m’en dire plus sur vous ? »

Prit au dépourvu, Jeff avala de travers. Il prit un moment pour répondre et fronça les sourcils.

Jeffrey ▬ « Je suis originaire de Londres, cependant, j'ai vécu à New York toute mon adolescence. J'ai décidé de retourner aux études malgré mes 23 ans. J'ai conscience que c'est assez inhabituel mais... je suis assez motivé. »

DOYEN ▬ « Fantastique. Je vous ferai bien le même genre de description, mais je doute que vous trouviez ça passionnant. Alors, dites moi, pourquoi avoir privilégié notre magnifique université ? »

Il ne pouvait quand tout même pas avouer que c'était un caprice de son père et qu'il l'avait forcé suite à son échec de sa carrière musicale qui stagnait.

Jeffrey ▬ « Disons que mon père a étudié lui-même dans cet établissement et m'a raconté tout le prestige que cette école représente. »

DOYEN ▬ « Je suis flatté. Peut-être pourriez-vous m’en dire un peu plus sur votre famille et votre enfance ? »

Un petit malaise commençait à se créer au plus profond de lui même. Il avait envie de foutre le camp, là, immédiatement. Mais il n'en fût rien. Parler de lui ouvertement à un inconnu ne l'intéressait pas. De plus, il ne voyait pas en quoi tout ça rimait./i]

Jeffrey ▬ « Je suis de la famille Worthington, réputé pour être medecin de père en fils depuis environ quatre générations. C'était, en quelque sorte, mon destin. Je crois que j'ai toujours été doué, alors ce n'est pas trop difficile pour moi. Mes parents se sont quitté il y a de cela, un moment. J'ai vécu avec ma mère à New York. Elle était artiste. J'ai appris à comprendre la musique et à écouter ma créativité, ce que je n'avais jamais fait à Londres. Puis, d'évènements en évènements, je suis revenu à Londres pour euh... reprendre ma vie en main, en quelque sorte. »

DOYEN ▬ « Charmant ! Avez-vous toujours été comme ça ? »

Jeffrey ▬ « Euh, j'imagine que oui. Je suis honnête et je n'ai rien à cacher, seulement, je ne dois rien à personne. »

DOYEN ▬ « Je vois. Mis à part vos études, vous avez une ambition particulière, une passion ? Autre chose ? »

[i]Une passion? La musique était sa seule raison de vivre, mais ça, il n'espérait pas qu'il comprenne puis qu'il était ici pour la chirurgie. Son propre père ne croyait pas en lui, il n'en demandait pas autant à un inconnu.

Il approuva d'un signe de tête posé lent. Jeffrey parut un instant distant et perdu dans ses pensés. Ce sujet était encore à vif.

[color=DarkMagenta]Jeffrey/color] ▬ « Oui, monsieur. J'avais un groupe à New York que j'ai du abandonné... J'espère, du moins, de compléter mes études. Pour l'instant, c'est tout ce que je désir. »

DOYEN ▬ « Bien, il me semble que je ne vais pas abuser plus de votre temps. Je vous remercie de votre patience et de vos réponses. Nous nous recroiserons dans les couloirs, sans doute. »

Un sourire réservé forcé se dessina sur son visage fermé. Il se releva et se retourna derechef vers la sortie. Plus que quelque pas et il serait enfin libre. Quelque pas et pourrait enfin se retrouver avec lui même. Il n'avait aucune idée de ce qu'il ferait de sa journée, son seul cours avait eu lieu le matin même. Tout ce qu'il savait, c'était qu'il n'avait pas envie de retourner chez lui, où son père voudrait ce mêler de sa vie et le questionnerait sur tout et n'importe quoi.

Jeffrey passa instinctivement sa main dans ses cheveux en bataille et referma la porte du doyen qui le fixait encore.