-- Nous vous verrons donc à la rentrée, Monsieur Emingway.


Voilà, je changeais à nouveau d'école. Un nouveau pays, une nouvelle ville, une nouvelle université. Bien différente que celle où j'ai enseigné les trois années précédentes. Une école privée avec seulement des élèves de sexe masculin. Avec un excellent niveau certes, mais lorsque j'y suis arrivé, j'ai bien vu qu'ils n'éprouvaient pas le plaisir de s'y trouver. Ils arrivant en cours la tête baissée, les bras croisés. Je les ai accompagné durant leurs trois années de scolarité dans cette école, et je pense pouvoir dire qu'ils ont finit par apprécier ma matière. Je leur ai fait découvrir la littérature sous un autre angle. Et ça leur a plu. Voilà ce que j'aime dans mon métier, permettre aux étudiants de voir la vie sous un autre angle, rendre les choses plus intéressantes.
Ce n'est pas ce que j'ai toujours voulu faire. Je me souviens encore, lorsque j'étais petit, je voulais être Historien, comme mon père. C'était ambitieux pour un enfant que de vouloir tout savoir sur les origines du monde. Et peut-être même trop terre à terre. Quand on est petit, on est censé rêver, non? Ce n'était pas mon cas. Mais depuis, je me suis plutôt bien rattrapé. J'ai arrêté d'être terre à terre le jour où j'ai compris qu'on ne pouvait être heureux sans laisser son esprit s'évader. Il n'y à qu'à cela que l'on peut se rattacher lorsque tout va mal. C'est ce que j'ai fais lors de la mort de mon père. Je me suis pris à croire qu'il se pouvait qu'il soit dans un autre monde, heureux.
Depuis ce jour, j'ai aussi décidé de vivre au jour le jour. Comme on dit, Carpe Diem, Seize the Day. Je crois que sans cette expression, je ne serai pas grand chose. Je ne serai pas devenu le professeur que je suis maintenant. Pourquoi ai-je décidé d'enseigner la littérature? Parce qu'un jour, j'ai décidé de m'évader. Je me suis rendu à la bibliothèque de mon village et j'ai pris le premier livre dont la couverture m'inspirait. C'était tellement passionnant que je l'ai aps levé le nez de min livre jusqu'à ce que la bibliothécaire m'interpelle pour me prévenir qu'ils allaient fermer.
A partir de mes quatorze ans, j'allais chaque weekends dans cette bibliothèque de Londres, ma ville natale. Je ne sais pas combien de livres j'ai lu, je ne pourrai les compter. Mais ce qui est certain, c'est que j'aimais ça.

-- Monsieur, votre veste, ne l'oubliez pas.

Je pris alors ce manteau noir que le Doyen me tendit. J'étais quelqu'un de très tête en l'air. Ce n'étais pas très bon pour un professeur, il paraît. Je tiens ça de mon père, je crois qu'avant qu'il reçoive cette balle dans la tête, simplement parce qu'il se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment, il était exactement comme moi. Comme moi lorsque j'étais plus jeune. C'est surtout moi qui voulait lui ressembler, il était mon modèle.

J'ai d'ailleurs plus ou moins suivis ses traces, j'ai étudié dans les même écoles que lui, les meilleures de l'Angleterre en réalité. Parce que j'avais de l'ambition, je voulais être le meilleur professeur. Je suis trop modeste pour dire si c'est le cas ou pas, je ne suis de toute façon pas la meilleure personne pour me juger, mais je crois que je n'aurai pas déçu mon père.

Pourquoi suis-je ici, maintenant, dans cette école? Tout d'abord parce que j'ai eu l'envie de partir de mon pays, je ne sais pas pourquoi, mais je crois que le fait d'être toujours au même endroit est bien trop routinié pour moi. Et puis, je suis certain que je m'y plairai, à Galway.