Cher Journal,

Aujourd'hui c'est le 6 novembre, une belle journée en perspective pour moi, il fait beau et chaud dehors et j'ai bien envie d'en profiter, pour une fois que j'en ai l'occasion. D'ailleurs, je n'ai pas pu te tenir au courant là-dessus mon Journal, le récent entretien que j'ai eu avec le doyen s'est très bien passé, cet homme est très imposant, mais d'un attachement et d'un calme troublant, je crois que je l'aime bien ... Bref, je t'aurais bien écris plus tôt et si je l'avais pu, je t'aurais tenu au courant à ce sujet, mais à peine arrivé à l'université, les cours me prennent beaucoup de temps et quand je ne travaille pas, je suis dehors à profiter du beau temps, de l'air frais ou à faire un peu de guitare, je ne tiens pas à perdre ma "corne" qui a mis tant de temps à se former, je crois que tu te souviens particulièrement de cette étape aussi douloureuse pour toi que pour moi ...
Je n'ai donc pas eu le temps de te tenir informé, mais à vrai dire, je ne le regrette pas et je m'en veux de l'envisager. Il faudra bien un jour que je me sépare de toi mon Journal, je ne suis plus un gamin et les journaux intimes, tous le monde me le dis, c'est pour les filles ... Je déprime. Je vais te laisser sur ces derniers mots et m'en vais dehors, étudier un peu, écouter de la musique et profiter du peu de temps qu'il me reste.

Brad referma son journal, poussa un bref soupir et cacha, comme à son habitude, le petit carnet sous son coussin blanc et si confortable, c'était vrai ce qu'il venait d'écrire, il était trop grand pour ce genre de chose à présent, il n'en avait pas spécialement assez et s'il le pouvait, il continuerait ... Mais il ne pourrait pas cacher indéfiniment son existence. Avant de sortir, il jeta un coup d'oeil par sa fenêtre, il faisait encore magnifiquement beau dehors et un sourire illumina son visage à la perspective de ce qu'il allait pouvoir faire dehors, en sortant, il attrapa par le manche sa guitare blanche, il glissa dans sa poche son médiator, pas question de le perdre ! Et gagna tranquillement les couloirs, il les traversa de long en large, il s'était encore perdu, il tourna en rond pendant environ 15 minutes avant d'oser demander un peu d'aide à quelqu'un, avec l'aide du jeune homme, il parvint enfin dehors, remercia son guide et gagna un arbre tout particulier, un arbre qu'il avait choisis rien que pour lui. Cet arbre, il n'y avait pas gravé son nom, non ! Cet arbre, il n'avait pas spécialement une histoire en rapport avec lui, mais il lui rappelait son passé ... Quand il était jeune, à côté de chez ses grands-parents, il y avait un grand chêne. Son grand-père râlait sans cesse contre cet arbre, si grand qui risquait à tout moment de tomber sur la maison, mais jamais il ne tomba et Bradin lui voua une admiration sans borne, résister à des tempêtes, des orages, des hivers et de nombreux automnes et se montrer encore fier de porter ses si belles feuilles.

Il caressa d'une main l'écorce de l'arbre et s'assit à ses racines avec une lenteur surprenante, comme si on faisait un ralentis, posant la guitare à côté de lui, il se tortilla légèrement pour extirper de la poche arrière de son jean, son médiator et un tout petit livre de poche qu'il ouvrit, il se pencha dessus avec beaucoup d'attention, c'était ses notes, il s'était fixé un objectif, retenir tout ça à la fin de la semaine ... pour le moment, ça avançait pas mal, il avait des notes de français à retenir, un peu de math et il bloquait sur l'histoire, pour les langues étrangères, ça allait pas mal ... Après une bonne heure de travail, l'ennuie le terrassa et il abandonna ses notes, rangea à nouveau le petit livret à sa place. Attrapant sa guitare, il passa la sangle derrière sa nuque et jura :

- Shit !

Il n'avait pas l'habitude de jurer, encore moins en anglais, il ne parlait pas franchement très bien le français et il laissait parfois fonctionner sa langue sans y réfléchir, si bien que le visage de ses interlocuteurs se déformaient à mesure qu'il enchainait les phrases ... mais toutes en anglais. Il manqua de peu de jurer à nouveau quand il se rendit compte qu'il avait oublié ses partitions, tant pis, il ferait avec. Il gratta un peu au hasard les cordes avant de trouver l'air qui lui plaisait, après quelques longues minutes d'essais, il se lança dans un son simple et agréable et l'accompagna de sa voix agréable :

Spoiler:

J'étais plutôt fier de moi, certes, je ne l'avais pas écrite moi-même cette chanson, mais au moins, je l'avais bien imité, mais il fallait que je m'y fasse, je n'allais pas réussir dans la musique en copiant des chansons. Personne n'avait réussi comme ça dans la musique, je soupirais et recommençais à gratter cette douce mélodie sans la chanter, pas question de pousser la chansonnette une seconde fois.